Racisme: 21.03.08=Journée Internationale pour l'élimination de la discrimination raciale

Aujourd’hui avait lieu la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Célébrée chaque année le 21 mars, cette journée a pour but la commémoration de ce jour de 1960 où, à Sharpeville (Afrique du Sud), la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d’une manifestation pacifique contre les lois relatives aux laissez-passer imposées par l’apartheid. En proclamant la Journée internationale en 1966, l’Assemblée Générale des Nations Unies a engagé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination raciale [résolution 2142 (XXI)].

Et plus de 40 ans plus tard, ce combat est loin d’être terminé si on en juge le trop grand nombre de discriminations encore constatées actuellement mais aussi le climat actuel de   banalisation du racisme.

Car comme l’indiquait un article du Monde il y a quelques mois, basé sur le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH),   si les violences racistes ont diminué en France de manière générale cette année en France, les actes antisémites restent nombreux et le racisme est lui de plus en plus banalisé : "L'année 2006 a été marquée par une baisse de 10 % de la violence globale raciste, xénophobe et antisémite : on dénombre ainsi un total de 885 actions et menaces racistes, xénophobes et antisémites", contre 974 en 2005 ». Mais le rapport relève "une inquiétante progression des actes antisémites à caractère violent (+ 35 %), notamment à l'encontre des personnes physiques".De plus, dans un sondage réalisé pour ce rapport, 30 % des personnes interrogées se déclarent racistes, contre 33 % en 2005. Près de la moitié (48 %) considèrent qu'il y a trop d'immigrés en France, soit 7 points de moins que l'année précédente.

Ainsi, si le rapport annuel de la CNCDH peut apparaître rassurant dans la diminution des actes racistes,  il est au contraire très alarmant sur l'évolution des mentalités. Car corroboré par l e sondage réalisé par le CSA (en pleine crise des banlieues de novembre 2005), on remarque un phénomène de banalisation croissante du racisme. Un Français sur trois n'hésite pas aujourd'hui à se déclarer raciste, soit une augmentation de 8 % de ceux qui en font l'aveu. Plus de six Français sur dix jugent que "certains comportements peuvent justifier des réactions racistes". Et 56 % des Français (en hausse de 18 points) affirment qu'il y a trop d'étrangers...

Et dans le contexte actuel  d’ « extrême droitisation de la droite », on assiste alors  à une libération de la parole raciste. Subissant les deux phénomènes de montée de l’individualisme et de perte de répères culturels (historiques et politiques), un tiers des Français brisent le tabou du non-avouable et affichent leur racisme. Cette banalisation s'accompagne d'une "démobilisation sensible", selon la CNCDH, de la lutte contre le racisme. Seuls 32 % des sondés (- 18 points en un an) sont prêts à avertir la police d'un comportement raciste.

C’est pourquoi, en cette journée symbolique, nous devons rester mobilisés et continuerde réfléchir pour faire reculer toutes les formes de discrimination : sexistes, racistes, homophobes et antisémites.